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AMOUR TROUBADOUR EN CHANTANT
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  • Quête de connaissances oubliées avec un esprit troubadour. Partage de contes poétiques et de poèmes-chants d'amour, illustrés de photos de nature, pour célébrer l'Amour, la vie et les troubadours.
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11 mai 2013

L'ENIGMATIQUE CARRÉ ROTAS-SATOR, 4/ La clé du Carré Rotas

Au dîner, j'avais revu Lucienne, elle m'avait demandé des nouvelles de Abdul. Elle ne s'était pas fait prié pour me donner plus de détails sur sa vie. Sa femme, Amy, devait rentrer d'ici quelques jours d'un cycle de conférences aux Etats-Unis. Elle était américaine et passait plusieurs mois par an là-bas. Elle savait pour Abdul et s'était organisée pour rester en France dès son retour. Mais ils étaient très indépendants et Abdul tenait à ce qu'elle le reste.

Leur fils était au Japon et Abdul avait coutume de dire qu'il les honorait vraiment dans le sens où il menait sa propre vie et ne se préoccupait pas de la leur, tout en prenant régulièrement de leurs nouvelles. Autant ses parents étaient passionnés par le symbolisme, autant lui ne s'intéressait aux nombres que pour la quantité qu'ils représentaient. Il était financier et vivait aux antipodes aussi bien en terme de culture que de centres d'intérêt. 

Leur fille était très différente, elle avait épousé un éleveur du Massif Central du côté de Montluçon, elle avait 4 enfants et malgré quelques années d'études supérieures, n'était pas du tout une intellectuelle. 

 

Lorsque je rejoignis ma place à table, Estelle et Fernand avaient disparu, Florian et Clarance écoutaient Sylvia et Nathan conter en duo de façon très animée. Je me détendis en leur présence.

Je ne revis pas Estelle avant le début de la séance du lendemain qui portait sur les aspects spirituels et religieux de la Quête. Marianne commençait la présentation du programme lorsqu'une vague de murmure parcourut la salle. Fernand et Estelle arrivaient ensemble en retard et il n'en fallait pas plus pour que les commentaires aillent bon train. 

Elle vint s'installer à côté de moi en se faisant toute petite pendant que Fernand faisait lever des gens pour aller s'asseoir à la place convoitée malgré les regards courroucés de Marianne qui continuait tant bien que mal son discours. Il se contenta d'un grand geste de la main pour tenter de l'apaiser en s'excusant, ce qui fit rire ses voisins.

Estelle se concentra sur les interventions et j'en fis autant jusqu'à la pause. Elle m'entraîna alors jusqu'à la table de collation en me disant qu'elle n'avait pas eu le temps de déjeuner. Je répondis:

- C'était à ce point-là!

Elle leva les yeux au ciel et tout en sirotant son thé avec un gâteau, elle m'entraîna dans le jardin dès que j'eus été servie en café.

- C'était incroyable, j'ai passé la soirée avec Fernand, son amie Karen et son voisin Guillaume. Nous avons fait une séance de méditation à quatre et ce fut divin. J'étais sur un nuage céleste, incapable de rentrer, alors je suis restée sur place, voilà tout.

- Tu es consciente que ça fait jaser et que David risque d'en souffrir.

- Je m'en fiche, les gens peuvent penser ce qu'ils veulent, je lui expliquerai l'essentiel, nous sommes ensemble depuis assez longtemps pour qu'il me fasse confiance. Il veut mon bonheur comme je veux le sien, il ne veut pas me couper les ailes pour me garder en cage!

- Alors je suis très heureuse pour toi.

Nous avons poursuivi une conversation banale entrecoupée de longs silences qui lui permit de finir de se restaurer tranquillement, puis les interventions reprenant, nous sommes rentrées pour la suite du programme.

 

A la fin du déjeuner, j'aperçus Marianne qui arrivait en voiture dans la cour. La suivant du regard, je vis qu'elle pleurait. Je me levai discrètement et la rattrapai dans l'entrée.

Dès que je lui parlai, elle éclata en sanglots et se jeta dans mes bras. Elle était allée voir Abdul dès la fin des conférences du matin, il devait sortir de l'hôpital dans l'après-midi. Il avait refusé le traitement tout en sachant que cela le condamnait à court terme. Elle aurait voulu qu'il se batte, elle ne comprenait pas son attitude.

Il lui avait dit de ne pas s'inquiéter car il détenait quelque chose qui assurait son salut en toutes circonstances. Elle craignait qu'il ne soit influencé par des charlatans ou perturbé par sa maladie, il était devenu secret ces derniers temps.

Il lui avait demandé de continuer à numériser ses documents et à classer ses notes, mais elle n'y arriverait pas en le voyant se dégrader en si peu de temps. Et elle n'en voyait plus l'intérêt s'il disparaissait. Heureusement un étudiant utilisait les derniers travaux de Abdul pour rédiger un Mémoire, tout ne serait pas perdu.

Elle n'arrêtait plus de pleurer, aussi je lui proposai de prendre l'après-midi pour se remettre, mais avec un sursaut de volonté elle se redressa et me demanda de transmettre qu'elle aurait un peu de retard, puis elle courut vers sa chambre.

J'avertis Yves et Lucienne qui firent de leur mieux pour former des groupes autour de chaque conférencier et les placer dans les différentes salles comme prévu. J'avais choisi un groupe lorsque Clarance me rejoignit, elle rythma si bien les participations face à notre intervenant peu sûr de lui que le temps passa très vite.

 

Marianne vint me chercher à la fin de la session, Abdul était arrivé depuis deux heures et installé sur place, il demandait à me voir. Je la suivis aussitôt.

Il était dans un charmant salon rustique chauffé par un vieux poêle à bois. Il prenait un thé et des petits gâteaux qu'il me proposa de partager, je me contentai du thé. 

Il me dit:

- Je sais que Marianne t'a parlé, nous n'y reviendrons pas, je veux mourir vivant et non ajouter des jours à ma vie pour juste survivre. J'ai un livre à finir sur des contes traditionnels, l'association m'a trouvé un secrétaire qui s'occupera de tous les détails rédactionnels ou éditoriaux, cela m'aidera à tenir… Pour le reste,... 

Et une grimace de douleur l'interrompit, il respira calmement en fermant les yeux, se détendit, puis reprit comme si de rien n'était:

- Ils m'ont donné de quoi ne pas trop souffrir. J'ai besoin de toi si tu l'acceptes, mais puisque tu es ici, je ne doute pas.

- Tout dépend ce que tu me demandes, répondis-je prudemment.

- Je dois transmettre ce que j'ai reçu et je sais que tu es la bonne personne, tu as bien les trois feuillets que je t'ai demandé?

- Oui, dis-je, dans ma chambre, mais compte tenu des événements, je pensais…

- Ne pense pas à renoncer, c'est mon Salut, le salut de mon âme et le moyen quoiqu'il arrive d'être en paix, dans l'harmonie de Mâat, la Vieille Loi, dit-il en appuyant son propos d'un clin d'oeil souriant qui démentait le sérieux de ses propos.

- Pourquoi moi? demandai-je.

- Cette connaissance s'est transmise de personne à personne par des modalités qui ne sont pas toujours conventionnelles que tu n'as pas besoin de connaître. Le temps est venu qu'elle ne soit plus destinée à seulement quelques personnes aussi bien choisies soit-elles, mais partagée avec tout chercheur intéressé. Tu sauras la transmettre sans l'enfermer dans des croyances inappropriées ou un dogmatisme sclérosant et comme tu n'es rien dans ce milieu de spécialistes, ça passera. Le temps qu'ils réagissent avec leur esprit de chapelle habituel, ils ne pourront plus la bloquer, elle se diffusera librement!

Je ne partageais pas son enthousiasme et je ne voyais pas clairement mon rôle dans cette histoire, mais il insista.

- Ne t'inquiète pas, si je t'ai choisie, c'est pour que tu transmettes cela simplement et tu en es capable, je sais que cela ne te fera pas disjoncter et que tu n'essaieras pas de te l'approprier pour en tirer bénéfice. Tu peux rester jusqu'à lundi prochain?

- Je ne sais pas, il faut que je m'organise. Je peux téléphoner maintenant pour le savoir.

- D'accord et si tu pouvais aller chercher les feuillets en même temps, je me repose un peu, nous reprendrons dès ton retour.

J'avais obtenu un accord pour prolonger mon séjour et ma famille s'attendait à ma demande puisque j'étais à Brocéliande! Abdul s'en réjouit et enchaîna aussitôt sur la connaissance des carrés magiques.

- Dans ma famille paternelle arabe, dit-il, on utilisait des carrés magiques de trois, quatre ou cinq lettres comme des talismans ou amulettes et cette utilisation est aussi attestée en France, au moins au Moyen-âge. On utilisait des carrés avec des lettres ou des chiffres dont la composition faisait apparaître des propriétés mathématiques particulières. 

"On connaissait le Carré Sator ou approché avec des changements de lettres parfois, les cinq mots étaient associés au Christ (les cinq clous). Le carré de quatre était parfois associé aux "Quatre Vivants" du Tétramorphe. (1)

"En Europe les carrés magiques, selon le nombre de leurs colonnes, étaient mis en correspondance avec des planètes et représentaient en quelque sorte leur sceau. Comme le disaient les Pythagoriciens qui utilisaient une représentation géométrique des nombres, tout est Nombre, ainsi posséder un carré magique permettait de bénéficier de la protection de la planète, donc du dieu correspondant. 

"Au XVII° siècle encore, le Roi Louis XIV reçut un talisman avec un carré magique à six colonnes, donc en rapport avec le Soleil.

- Et le carré de cinq? demandai-je.

- C'est le carré de Mars (2). Pour comprendre ce type de représentation, il faut la remettre dans son contexte d'utilisation magique. La plus haute "magie" est de reproduire l'état initial d'origine de la Création puisque là tout était parfait selon l'Ordre cosmique. 

"Le carré magique représentant cet Ordre cosmique parfait, au moins en partie, a une valeur protectrice et ce indépendamment de son sens réel, de ses propriétés linguistiques ou mathématiques. Et ne croit pas que c'était particulier à mon peuple, il était également utilisé en ce sens en milieu juif

- Le carré Sator-Rotas aussi? demandai-je.

- C'est ce que l'on m'a transmis et les termes utilisés le rattachent à un type de conception magique particulière. Les Roues et l'Oeuvre se rapportent à la description de la vision de Dieu par Ezéchiel (Bible) qui fonde la Mystique du Char ou Merkaba juive. Les mystiques parlent de l'Oeuvre du Char dont les Roues représentent l'action de Dieu dans le monde.

- Le Carré est d'origine juive, dis-je, ces mots étaient donc clairs pour cette communauté, ils sont devenus obscurs pour les chrétiens ou les arabes.

- Il faut que je te transmette à mon tour, écoute bien. Le Carré a un lien avec le Graal, c'est un symbole de Salut au sens pythagoricien et ce n'est pas pour rien qu'il est associé à l'autre voeu pythagoricien de bonne santé sur les Carrés de Pompéi, le mot VALE. 

"Les carrés romains sont plus souvent sous la forme Rotas, la forme Sator serait plus tardive et peut-être plus souvent associée à un contexte chrétien. 

"Tu sais que chaque lettre en hébreu correspond à un nombre, par ailleurs un carré magique numérique, selon les Arabes, a une clé et un verrou. La Clé est le plus petit nombre, le Verrou le plus grand (3). 

"Pour transformer notre Carré en nombres, il faut retrouver les mots hébreux correspondants aux mots latins. En hébreu, en général seules les consonnes comptent, les voyelles permettent la vocalisation.

"Sator devient STR qui signifie caché comme l'a fort bien écrit entre autres Nicolas Vinel

De là à penser au Dieu Caché de la Bible en rapport d'ailleurs avec le concept de la Shekinah, Présence de Dieu qui se révèle ou se cache selon les moments… Passons, nous y reviendrons. Transformons notre carré selon la correspondance numérique des lettres qui est à la base de la guématrie.

N = 50, Clé du Carré

S = 60

P = 80

R = 200

T = 400, Verrou du Carré

Nous avons la Clé au centre en N, dans le Verrou des quatre T. 

 

N°-Rotas

Carré numérique Rotas

 

"Revenons aux lettres, N correspond en hébreu à Noun, le poisson, les profondeurs, le chaos primordial selon la conception égyptienne qui comme tu le sais a inspiré la religion juive. Maintenant pour ouvrir la porte sur les secrets du Carré Rotas-Sator, il faut tourner la Clé dans le Verrou. C'est une "rotation" comme évoquée par le terme Rotas. Nous allons changer le N en A. 

- Pourquoi? demandai-je.

- Selon le récit de la Création égyptienne, du Noun primordial émerge Atoum ou Amon, le dieu caché créateur. En changeant le N en A, on fait tourner la roue, on remplace chaque lettre dans le Carré en la décalant d'autant dans l'alphabet.

- Quel alphabet, le latin, l'hébreu?

- Le latin bien sûr, dit Abdul, le Carré est en lettres latines, par contre à l'époque l'alphabet n'était pas aussi complet que notre alphabet moderne. (Voir ici)

"Nous allons le reconstituer.

A - B - C - D - E - F - G - H - I/J - K - L - M - N - O - P - Q - R - S - T - U/V - W - X - Y - Z

"Il ne nous reste qu'à établir la correspondance.

 

Mais à ce moment, Marianne entra après avoir frappé, elle demanda si Abdul pouvait recevoir Mme Delaporte qui avait fait le trajet spécialement dès qu'elle avait appris sa sortie de l'hôpital. Il se tourna vers moi et dit:

- Tu vas finir ça toute seule, ta surprise n'en sera que plus belle et tu as les feuillets…

Je lui souhaitai une bonne soirée ainsi qu'à Marianne et regagnai ma chambre pour m'y remettre aussitôt. 

 

1 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ethio_0066-2127_1957_num_2_1_1271
A propos du carré Sator chez les Ethiopiens par J. SCHWARTZ

Le Tétramorphe renvoie aux Quatre Vivants de la vision d'Ezéchiel, qui sont représentés par le Lion, l'Aigle, le Taureau et l'Ange autour du Christ.

http://www.an1000.org/forum/889_20-le-mysterieux-carre-sator.html

La formule a laissé des traces en Cappadoce où les bergers de la Nativité s'appellent au Xe siecle Sator, Arepon et Teneton et en Ethiopie où une légende courait encore au XVIIe nommant les clous de la Croix Sador, Alador, Danet, Adera, Rodas.

http://www.umanitoba.ca/colleges/st_pauls/ccha/Back%20Issues/CCHA1959/Fishwick.htm En anglais

Au XIe siècle, les cinq mots ont été utilisés en Abyssinie pour désigner les cinq plaies du Christ. La fonction du charme Rotas pourrait donc être d'assurer le salut. 

 

2 http://carresmagiques.blogspot.fr/2010/07/les-carres-magiques-et-les-spheres.html

 

3 La Lettre d'Information de l'APAM - Ernst-Herzfeld-Gesellschaft eV

www.ernst-herzfeld-gesellschaft.de/files/lettre_apam_16.pdf

 

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S
ROTAS RPNRS (à l'envers) N= 13 alphabet à 25 lettres<br /> <br /> PER<br /> <br /> N
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