Pour en savoir plus sur Adam et Eve, Abdul me recommanda l'étude de la Genèse, mais en retournant aux racines du texte hébreu, en utilisant par exemple le travail de Annick de Souzenelle qui commente les premiers versets de la Génèse à partir du texte hébreu dans ses deux tomes Alliance de Feu.
Dans le jardin d'Eden, Adam doit travailler et garder la Adamah (la Terre dont il est constitué): il doit par un travail de prise de conscience progressif sous la conduite de Dieu, monter en niveau de conscience afin d'accomplir tout son potentiel à la ressemblance de Dieu.
Pour atteindre à la ressemblance, l'Adam-image d'Elohim, doit se nourrir de tous les arbres du jardin, images des énergies divines. Mais il ne doit pas manger de l'Arbre de Connaissance.
A de Souzenelle traduit le verset Gen 2 16 concernant cet ordre divin, en utilisant "accompli ou non-accompli" pour bien ou mal, et "muter" au lieu de mourir. En effet, Adam après la faute ne meurt pas, mais change de façon de voir et de rapport à Dieu, c'est une "mutation" de sa nature.
Ce verset devient donc: De l'Arbre de Connaissance de l'accompli et du non-encore accompli, tu ne mangeras pas de lui (nous) car dans le jour où tu mangeras de lui (nous) muter absolument, tu muteras.
Elle commente: Le fruit de l'Arbre de la Connaissance, de celui-là (qui est de "nous", le divin lui-même) tu ne mangeras pas (car tu dois muter-évoluer) et dans le jour où tu mangeras de lui (de nous) cesseront tes mutations (c'est-à-dire ton état sera fixé à un stade où tu ne peux plus évoluer).
Elohim a créé l'homme, mâle et femelle. D'après le texte hébreu, l'homme est mâle et femelle, c'est-à-dire capable de "se souvenir" (= mâle) de cette partie féminine de lui-même donnée par Dieu comme aide (son ishah, son face-à-face) qui "contient" (= femelle) sa force d'accomplissement.
Elohim dit "croissez", c'est-à-dire grandissez, allez vers la totalité de vous-même. Il dit aussi "multipliez", ce qu'elle commente ainsi: la multiplication est le fruit de la croissance, le fruit correspond à un niveau de "terre intérieure" accompli et est le germe du fruit de la terre suivante. Il ne doit donc pas être mangé, ce qui bloquerait le processus, mais réutilisé pour parcourir un niveau supérieur de conscience. Le dernier fruit, total accomplissement de l'Arbre de la Connaissance, sera celui de l'unité absolue avec le NOM (Tétragramme, Nom de Yahvé: YHVH).
Genèse 2 finit avec le verset 25, ils sont deux et non plus dans la confusion l'un de l'autre, la conscience de cette séparation étant la condition pour devenir Un à l'issue du travail d'accomplissement guidé par Dieu.
Ils sont nus et un jeu de mots en hébreu met ce mot nu en rapport avec "rusé" ou connaissant (la ruse étant Sagesse divine*), donc ils sont nus et ne sont pas confondus (ce qui est mal traduit par "ils n'ont pas honte"). (Voir ici)
* A de Souzenelle la Lettre chemin de vie… "Moi la Sagesse, j'habite la ruse et je pénètre la connaissance des desseins" Prov 8 12 traduit de l'hébreu.
Elle commente: cet état de nudité est savoir-faire dans la perspective du chemin qui est à parcourir, le long duquel Dieu sera guide. L'Homme éveillé à la connaissance est celui qui sait qu'il est deux! L'Adam est devenu conscient qu'il doit épouser sa femme intérieure.
Notons que ne peut être "épousé" (intégré en tant qu'énergie, niveau de conscience) que ce qui est séparé (mis dans le "face-à-face" de la conscience).
Mais Adam ne garde pas la terre intérieure dont il est constitué, son Adamah, et laisse son ishah, (son aide pour communiquer avec Dieu), suivre les propositions du Serpent (avec un jeu de mot sur nu, connaissant). Après le péché, ils voient qu'ils sont nus et confondus.
Adam et Eve se voient nus - Ethiopie (rolpoup1.blogspot.fr/2010/12/propos-des-tuniques-doubli.html)
A de Souzenelle commente: La "nudité" dont il s'agit est exprimée par un mot légèrement différent de celui qui traduisait en Gen 2 25 "la connaissance du chemin que ish et ishah devaient parcourir". Ce mot nouveau affirme que le chemin est parcouru et le but atteint. L'Homme se croit éveillé. L'illusion est totale!
Avec le péché, la verticalisation ne peut plus se faire, l'énergie fuse à l'horizontale et s'investit dans le monde extérieur. Fermé à son féminin intérieur, Adam réduit à sa dimension animale, se tourne vers la femme biologique, extérieure, qui pour la première fois à la fin de ce chapitre (Gen 3) sera nommée Hawah, Eve. Il se tourne vers elle et c'est vers elle désormais que se dirige sa montée d'énergie (montée du désir).
L'Homme dans le péché reste image de Dieu, mais le Souffle divin (Rouah ou Rûah) n'agit plus en lui pour le mener vers la ressemblance.
Rappelons que le sens de péché est "mal viser", "se tromper de cible"!
Seul Dieu au coeur de Ishah peut faire savoir. Car le "face-à-face" ish-ishah est nécessaire pour "communiquer" et savoir. Or le coeur de Ishah est maintenant habité par le Satan qui a donné à Adam l'illusion d'une nudité conquise, c'est-à-dire l'illusion d'une connaissance totale.
Ainsi Adam a perdu la connaissance du fonctionnement de sa conscience dans son rapport avec Dieu, avec son féminin intérieur et les énergies qui le constituent. Il a perdu son accès à la Ressemblance et donc à la Connaissance.
Dans son intérêt, Dieu l'exile alors du Paradis afin de ne pas manger de l'Arbre de vie, ce qui le fixerait dans cet état sans évolution possible. Dieu l'envoie sur la terre avec une tunique de peau remplaçant le vêtement qu'il a perdu, (mais cette tunique de peau a un potentiel de lumière). Adam ne communique plus avec son ishah intérieure, il ne la distingue plus puisqu'il est maintenant confondu avec elle, aussi il doit travailler la terre extérieure jusqu'à ce qu'il retourne à son Adamah (la terre dont il est constitué, sa terre intérieure) et reprenne le travail de ses terres-énergies intérieures.
Le motif de cette évolution dramatique de l'homme sera étoffé dans des légendes inspirées de cet épisode.
Adam, qui à son tour après Lucifer, a perdu le vêtement de Lumière-Connaissance, a le droit d'emmener la Pierre de Lumière, symbole de cet état édénique perdu. (Dans certaines versions, son fils Seth reviendra la chercher).
Le vêtement de Lumière perdu correspond au Corps de Gloire et sera évoqué en Perse sous forme du Xvarnah, principe de souveraineté et de divinité. Ce principe se retrouvera dans les symboles de royauté d'autres civilisations et dans les légendes du Graal comme nous l'avons déjà vu.
Il sera procuré à celui qui franchit tous les obstacles de la quête et voit le Graal, creusé dit-on dans l'émeraude de Lucifer (la Pierre de Lumière) et ayant contenu le sang de Jésus-Christ. Dans ce dernier aspect, remarquons la combinaison des couleurs Verte (de l'émeraude) et Rouge (du sang) qui unit des principes fondamentaux et complémentaires.
Le sang y représente les "mérites de Jésus-Christ".
Dans la Bible, l'âme est dans le sang (par exemple : Gen 9 1). L'âme est aussi dans le Vase si l'on en croit le récit de la création d'Adam à partir d'un vase d'argile fétide séchée secondairement animé du Souffle-Rouah divin. On voit la richesse de ce symbole, synthèse de ces croyances sur la nature et le destin potentiel de l'homme créé à l'image de Dieu.
Hélas nous avions perdu ces références traditionnelles en cours d'évolution, nous n'avions gardé que l'image d'un objet précieux et magique, Vase-calice-coupe, capable de contenter le désir de l'homme, avec inévitablement une forte connotation matérielle dans une époque matérialiste coupée de ses racines spirituelles.
Perspective d'évolution
D'après les récits légendaires religieux et mythiques, Lucifer puis l'homme ont perdu leur vêtement de Lumière ou de Gloire avec leur place de "plus proche de Dieu" en tant que vicaires-représentants et louangeurs-chefs de prière de Dieu, gardiens de la Lumière.
Mais pour l'homme désireux de reconquérir son potentiel de Lumière-Connaissance, il existe une possibilité de retrouver cet état édénique de proximité divine, un chemin d'évolution vers la Ressemblance. Les voies proposées sont différentes selon les traditions: quête du Graal archaïque confondue avec la quête de royauté puis christianisée, chemin du christianisme avec Jésus-Christ qui rappelle "vous êtes des dieux" (Jean 10, 33), voie du Coran à la suite de Mohammed, tradition du Joyau qui exauce les souhaits dans le bouddhisme…
Transfiguration-corps de lumière du Christ (johnhensondotnet.files.wordpress.com)
Ces voies étaient la plupart du temps associées à un objet symbolique, le Graal de Chrétien de Troyes, le Chaudron d'immortalité celte, la coupe de Djemshid puis la coupe de Salomon, le Calice-Graal de Joseph d'Arimathie, le Chintamani ou Joyau bouddhique. Ainsi la voie se confondait souvent avec celle de la conquête d'un Saint Bol permettant en tant que contenu (élément masculin)- contenant (élément féminin) de conquérir l'Unité et retrouver la condition de l'Homme primordial vivant en harmonie avec la Création et son Créateur.
Abdul était satisfait de l'évolution de mes recherches, il me dit que j'avais gagné le titre de "Graaleuse" et nous en avons ri en enchaînant des jeux de mots vaseux sur notre matière fondamentale, vase transformée en Vase!
Sa passion était contagieuse et même si je comprenais que pour lui c'était devenu vital, il ne perdait pas pour autant le sens du jeu en m'entraînant toujours plus loin…