Entre deux petites gelées, le mimosa triomphe de l'hiver

Cadeau du soleil en grains bientôt odorants.

Les bourgeons de prunus gonflent doucement

En concurrence avec des perles d'eau sous la bruine.

Les populages éclairent les berges des fossés humides.

Les branches nues des bignones forment une haie d'honneur,

L'une d'elle affiche des gouttes d'eau

Comme les notes d'une portée musicale.

Dans le cognassier du Japon,

Les feuilles accompagnent les fleurs.

Les jonquilles dardent leurs fleurs en bouton,

Prêtes à fêter le printemps dans leurs corolles.

Des serpents moussus partent à l'assaut du mur,

Lianes de vigne vierge en habit de carnaval.

Dentelle de fer, l'oxydation a fait son oeuvre,

Le piquet inutile se fond dans le végétal.

L'eau qui s'étale largement capte le moindre reflet,

Et entrelace un double rideau d'arbres dénudés.

Les barques s'éloignent du bord, embrassées sous le gui.

Les branches gainées de pompons se mirent en coquettes.

Roi en son royaume aquatique,

Le héron prend possession

D'un nouveau territoire de chasse.

Semblant le diriger en la survolant,

Il suit de près la conquête de l'eau.

A l'heure du bain des oiseaux,

Selon une hiérarchie évidente,

Les cygnes s'ébrouent sans vergogne.  

Dans le sous-bois, la glace fige une mare improvisée.

Les jonquilles persévèrent pour annoncer le printemps.

Une dentelle de brindilles sur une armature de branches,

Partent à l'assaut d'un ciel nettoyé jusqu'à la trame.

Jeux de glace au bord du chemin,

Reflet d'arbre pris entre deux bras cassants comme du verre.

Coque de glaçage suspendue aux brins d'herbe.

Sous la glace, l'herbe fait des bulles.

Un pan de chemin résiste à l'envahissement,

On passe sur le fil, entre deux rives floues.

Contrastes puissants de silhouettes grotesques aux ombres brouillées.

La glace, piège du soleil, borne son territoire comme pour contenir la crue.

Des pans de glace s'accrochent au souvenir de l'inondation,

Marqueurs des lignes conquises avant son retrait.

Le gel artiste a fait un tableau abstrait,

A grands coups de pinceaux nuageux.

    Textes et photos: Marie Duval

La neige superpose ses fleurs et feuilles

Sur celles qui bravaient l'hiver.

Les clématites sauvages deviennent

De gros pompons duveteux

Et des brindilles au sol

Calligraphient d'obscurs messages.

Les fleurs de cognassier du japon sous couverture

Accompagnent le choysia floconneux

L'arum marbré habille le pied des haies.

Les tiges de lierre décollées du mur

Se font résille de soie miroitante.

Dans le parc, la neige panse les moignons

Et pose un coussin sur la roche,

Rêve glacé d'apaisement romantique.

Les lances des jonquilles bravent les piques du gel.

Le mimosa brandit ses grains d'or contre l'hiver.

Défi dérisoire, mais patient en attendant le redoux.

Un paysage déroule son tapis enneigé

Dans un changement de décor luxueux,

Les reliefs sont atténués, plus de laideur

Sur la vaste perspective blanche

Où comme dans un jeu d'enfant,

Se pose un clocher, s'installe un arbre...

    Textes et photos, Marie Duval

Février chez les Romains était le dernier mois de l'année, il était dédié à Februa, dieu de la Mort et des purifications. (Voir ici, dictionnaire du XVIII°)

C'était aussi le surnom de Junon en tant que déesse des purifications ou de Pluton, dieu des enfers, c'est-à-dire l'inférieur, sous-terre, royaume des morts.

Les principales fêtes étaient les Lupercales mi-février, les chrétiens ont imposé la Saint-Valentin à la place, fête des amoureux. Voir ici. 

Mi-février, temps des amours des oiseaux, ouvrez les oreilles et les yeux! Voir ici.

C'était le mois entre deux cycles annuels et en tant que tel, le mois des "remises à niveau" du calendrier, il a donc 28 jours habituels et 29 les années bisextiles (la prochaine sera 2016).

C'était le mois des inversions de rôle, du Carnaval, et pour les chrétiens le début du Carême (40 jours de jeûne avant Pâques) qui commence après Mardi-Gras.

Février

Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ;

Au firmament l'azur de tons roses s'allume ;


Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume

Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.


Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;


Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,

Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume

L'Orient plus vermeil met une épingle d'or.


Folâtre, et secouant sa clochette argentine,

Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine

Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux ;


Le spleen chassé s'en va chercher d'autres victimes ;

La gaîté vient s'asseoir à nos cercles intimes...

C'est le mois le plus court : passons-le plus joyeux

Louis-Honoré FRÉCHETTE  (voir ici)