Plaisir concert
Non, je ne vous raconterai pas la difficulté pour arriver
jusqu’à «mon» fauteuil ni la nuit suivante où je me suis réveillée
plusieurs fois en pleurant. Non, je tiens seulement à garder en mémoire le
moment magique que j’ai vécu lors de ce « solstice d’été », joué à
l’approche de l’équinoxe d’automne.
J’aime la musique, classique en particulier et j’apprécie d’écouter de bons
enregistrements ou de déguster des concerts filmés de grande qualité
actuellement. Pourtant rien ne remplace cette expérience d’y être. C’est un
plaisir des sens et de l’esprit que j’ai d’autant plus savouré que cela faisait
très longtemps…
Bref, la salle de concert est confortable et bénéficie d’une
excellente acoustique. L’orchestre est bien fourni et je regarde les
instrumentistes s’installer et finir d’accorder leurs instruments avec finesse,
sans cacophonie, c’est déjà agréable !
Le premier morceau est légèrement dissonant, juste à la
limite sans la franchir. Je n’apprécie pas, mais c’est écoutable et cela
« décrasse » les oreilles tout en me permettant de considérer le
style du chef d’orchestre.
Il est jeune, plein de fougue tout en sachant pratiquer
aussi la retenue, bref il est bon!
Et puis je comprends l’intérêt de la veste longue, il bouge
très bien avec des mouvements qui partent du bassin pour entraîner le corps
entier, je ne vous raconte pas si la veste était courte! On ne verrait
que « ça », là on peut se rendre compte de toute l’amplitude du geste
sans se focaliser sur une partie. Tout est pensé!
La seconde partie commence : Les Nuits d’été d’Hector
Berlioz. Ce n’est pas franchement gai, c’est « romantique » pur XIX°,
chagrin de perdre l’aimée, amour jusque dans la mort, ambiance cimetière au
clair de lune et fleurs fanées sur des poèmes de Théophile Gautier.
Heureusement, on ne comprend pas vraiment les paroles…, la musique est superbe
de finesse et d’émotion sans tragédie, juste ce qu’il faut.
La cantatrice est belle et sa voix de soprano est parfaite
pour cet ensemble de petites pièces.
Rapidement la magie s’installe, on sent que le chef met
vraiment l’orchestre au service de cette voix en sachant presque le faire
passer au second plan parfois (c’est aussi le grand art du compositeur qui n’a
pas eu besoin d’en rajouter pour mettre en valeur tel ou tel…). C’est un
ensemble, nul ne cherche à voler la vedette à la MUSIQUE!
Les pièces s’enchaînent, elles sont courtes et le public est
parfait : pas d’applaudissement à la fin de la première pièce. Dès la
deuxième, je « décolle », la voix devient instrument, l’ensemble des
cordes devient corps, je vis un moment magique d’une harmonie inouÏe. Il se
passe quelque chose et à la fin de ce Spectre de la Rose, le silence est d’une
qualité incroyable : le chef commande tout, le public et l’orchestre sont
devenus « UN ». Grand moment et très bon chef d’orchestre!
Les applaudissements fournis sont à la hauteur du talent et
la mise en scène des saluts, des hommages, de la gerbe à la cantatrice… est
dans le ton, juste ce qu’il faut!
Nous resterons sur ces six mélodies et le souvenir de ce
moment…sublime! La seconde
partie se déroulera sans nous, il est grand temps de rentrer avant que le
carrosse ne se transforme en citrouille!
Pour le partage avec les curieux et gourmands de
sensations:
En fin de message, vous verrez une vidéo orchestre et chant : « Le spectre de la Rose », c’est court, laissez-vous emporter et coupez le son lorsque la cantatrice arrête de chanter : imaginez la qualité de silence possible après ce moment (sur la vidéo, c’est le bruit banal de réajustement de l’orchestre et du public avec toux et raclement de gorge).
http://www.youtube.com/watch?v=kJzvqX_phcE&feature=related
Et voici une petite promenade de « mots choisis »
dans les poèmes de Théophile :
Villanelle
…
Oh! viens donc, sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce:
"Toujours!"
…
Le spectre de la rose
…
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encor emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
…
Au cimetière Clair de lune
…
Sur les ailes de la musique
On sent lentement revenir
Un souvenir.
…
L’île inconnue
…
Menez-moi, dit la belle,
A la rive fidèle
Où l’on aime toujours!
Merveilleux moment, merci à l’homme de ma vie, suffisamment
inconscient pour m’avoir emmenée, suffisamment aimant pour avoir préféré être
avec moi, suffisamment prévenant pour ne pas m’avoir entraînée au-delà de mes
limites…