Nous avons compris l’importance des reliques et des Lieux Saints (en particulier Jérusalem) pour la chrétienté. Un objet parmi tous les autres se signale par son importance et sa valeur sacrée universelle. Avec l’aide du gardien de l’Objet, nous allons en examiner les aspects principaux et leur évolution au cours du temps.
2/ La Vraie Croix
C’est LA RELIQUE par excellence puisqu’elle est l’instrument du supplice du Christ avant sa Résurrection et donc l’objet principal du drame central fondateur du christianisme. Nous allons d’abord découvrir ses origines qui sont aussi liées aux origines de l’homme et à sa place dans la Création.
Légende de la Vraie Croix
Diverses légendes ont été élaborées au cours du temps, à partir du IV° siècle où la Croix du supplice du Christ, en tant que relique, acquiert la valeur suprême.
On appelle l’Invention de la Sainte Croix le jour où Sainte Hélène, la mère de l’empereur romain Constantin l’aurait découverte.
Sa légende fait remonter son bois à un arbre du Paradis transmis à Adam par son fils Seth. Le Roi Salomon, connu pour sa sagesse légendaire, fera beaucoup plus tard abattre l’arbre né de cette graine ou de ce rameau. Lors de sa visite au Roi Salomon, la Reine de Saba le reconnaîtra comme lié au futur Christ. Hélène la découvre miraculeusement sur le mont du Calvaire (Golgotha).
Cette relique est fêtée à deux reprises dans le calendrier catholique : la fête de l’Invention de la Sainte Croix est fixée au 3 Mai. L’Exaltation de la Croix a lieu le 14 septembre.
Pour en savoir plus sur les légendes qui entourent cet Objet saint,
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Légendes du bois de la Croix.
Ces légendes autour de la Vraie Croix montre qu’elle est devenue l’objet mythique par excellence. Son bois est lié à l’aventure de l’Homme tout au long de son histoire selon la Bible. Essayons de suivre sa trace :
Ses origines la font remonter à l’Arbre de vie du Paradis, celui dont Adam et Eve après avoir mangé* du fruit de la Connaissance du bien et du mal ne devait surtout pas manger.
Dans la Bible, Genèse 3 : L’Eternel dit :
- Voici que l'homme est devenu comme l'un de nous pour la connaissance du bien et du mal. Maintenant il ne faut pas qu'il tende la main pour cueillir aussi du fruit de l'arbre de la vie, qu'il en mange et qu'il vive éternellement.
En raison de leur désobéissance*, Adam et Eve ont été chassés du Paradis et depuis l’humanité toute entière est confrontée au péché originel, du moins selon la doctrine catholique élaborée à partir du IV° siècle. L’Eglise orientale, orthodoxe, issue de l’évolution du christianisme des premiers siècles selon la tradition byzantine n’a pas adopté cette notion : l’homme a seulement «hérité» de la condition de mortel de ses premiers parents.
Lorsqu’Adam est malade, son fils Seth retourne au Paradis et demande à l’archange Saint Michel, le chef des milices célestes, de l’huile extraite de cet arbre pour que son père guérisse. Saint Michel dit que ce ne sera pas possible avant 5500 ans (c’est à dire jusqu’à la Passion du Christ !), mais lui donne un fruit (ou un rameau de l’Arbre). Adam meurt, son fils l’enterre sur ce qui deviendra le mont du Calvaire, le « lieu du crâne », le Golgotha. Le fruit ou rameau de l’Arbre de Vie, mis dans la bouche d’Adam deviendra un arbre superbe.
L’Arbre est toujours là lorsque le Roi Salomon veut faire construire le Temple, il fait abattre l’arbre, mais son bois ne convient pas, il est rejeté par les bâtisseurs et récupéré pour servir de pont au-dessus d’une étendue d’eau.
La Reine de Saba reconnaissant en ce bois le futur instrument du supplice de celui qui entraînerait la destruction du Royaume des Juifs, Salomon le fait enterrer profondément.
Mais par la suite, à cet emplacement sera creusée la Piscine Probatique située près du temple, le bois y serait responsable des guérisons miraculeuses qui s’y déroulent.
Du temps de Jésus, le bois vint flotter à la surface et fut récupéré pour fabriquer la croix du supplice.
Le Christ fut mis en croix en compagnie de deux autres crucifiés et les trois croix restèrent ensevelies plus de deux cents ans à l’endroit même du Golgotha. Sur cet emplacement, un temple dédié à Vénus était bâti lorsque Hélène, mandatée par son fils obtint des juifs, sous menace de mort, la révélation du lieu recherché. Elle fit raser le temple et les trois croix furent retrouvées. Pour découvrir celle de Jésus, on les plaça au-dessus d’un mort. Celle de Jésus le ressuscita.
Le bois de la Croix dans la légende de l’Homme
L’Arbre de Vie placé par Dieu au milieu du Paradis donne accès à la vie éternelle, son FRUIT est interdit à l’homme après qu’il ait mangé du fruit de l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. L’homme est chassé du Paradis.
C’est par l’implantation du FRUIT ou rameau dans le crâne d’Adam enterré sur le lieu du Crâne, Golgotha, que l’Arbre de Vie réapparaît dans l’humanité.
Rejeté en tant que matériau pour le Temple de Salomon (modèle architectural originel comme nous l’avons vu), il est utilisé comme PONT sur l’eau.
La Reine de Saba prédit que son utilisation verra la fin de la royauté des Juifs, elle annoncerait ainsi le Christianisme.
Le bois est enterré, il contribue aux guérisons miraculeuses qui ont lieu dans la piscine construite au-dessus, près du Temple.
Son bois sert à crucifier le Christ venu racheter les péchés de l’humanité par sa mort sur la Croix. Elle est vue comme l’instrument du Salut (accès à la vie éternelle aux côtés du Christ) par les chrétiens.
Elle sera retrouvée grâce à un miracle : elle ressuscite un mort.
Au total, promesse de vie éternelle ou « passeport » pour l’Au-delà conçu comme le Paradis, doté de capacité de lutte contre la mort en permettant des guérisons ou même en ressuscitant un mort, il est évident que ce bois possède des propriétés surnaturelles qui en font l’Objet concret le plus précieux et le plus efficace que l’on puisse imaginer.
Après sa découverte au IV° siècle, la Vraie Croix quitte la sphère de la Légende pour entrer dans l’histoire.
La Vraie Croix dans l’histoire.
Informé de la découverte miraculeuse faite par sa mère, Constantin fait construire une basilique à Jérusalem qui sera nommée le Saint-Sépulcre, sur l'emplacement présumé du tombeau du Christ et du Golgotha. Cette basilique abrite la prestigieuse relique de la Vraie Croix. Hélène a aussi retrouvé d’autres reliques en rapport avec le Christ : les clous, la couronne d’épines….
Début V° siècle, toutes ces reliques sont réparties dans plusieurs églises dont Rome et Constantinople qui possèdent donc aussi un morceau de la Vraie Croix.
En 614, les Perses prennent Jérusalem, ils gardent la Vraie Croix comme monnaie d’échange, mais elle y revient dès 630, au Saint-Sépulcre. Elle sera de nouveau cachée en raison des menaces musulmanes début X puis début XI° siècle. C’est alors que ce fragment de la Vraie Croix est miraculeusement retrouvé et réinstallé au Saint-Sépulcre où il est adoré par de nombreux pèlerins et les croisés. Symbole du Royaume de Jérusalem établi par les Croisés, il est emmené sur le terrain lors des batailles.
C’est ainsi qu’au XII° siècle Saladin s’en empare. Saladin prendra Jérusalem 2 ans plus tard, mais ce morceau de la Vraie Croix ne réapparaîtra pas.
Au XIII° siècle, Saint Louis (Louis IX) rachète les plus précieuses reliques de Constantinople dont son fragment de la Vraie Croix. Tout sera abrité dans la Sainte-Chapelle à Paris jusqu’à la Révolution où ce fragment de la Vraie Croix disparaît à son tour.
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Les personnages importants de l’histoire de la Croix
Salomon
Salomon est le fils du roi David, il lui succède sur le trône d’Israël et règne 40 ans amenant paix et prospérité d’après la Bible, en développant le commerce, les échanges de tous ordres, en particulier grâce à une politique de liens matrimoniaux avec les filles des souverains voisins. La Bible lui attribue 700 épouses et 300 concubines!
La rencontre avec la reine de Saba s’inscrit dans cette stratégie des échanges et du commerce. Salomon parvient ainsi à réunir l’ensemble des tribus israélites en une nation, il fait passer son peuple d’un pouvoir tribal à un pouvoir monarchique fondé sur l’aspect sacré de la fonction (roi et prêtre).
Salomon est un grand roi bâtisseur : enceinte fortifiée de Jérusalem, palais, villes et places fortes. Grâce à l’aide du roi de Tyr, Hiram, il mènera à bien la construction du Temple de Jérusalem dont le maître d’œuvre se nomme aussi Hiram et fait l’objet d’une légende maçonnique importante (Francs-Maçons).
La sagesse et le sens de la justice de Salomon sont légendaires. Il compose des poèmes, des proverbes et des chants, résout des énigmes dont les plus célèbres ont été posées par la reine de Saba convaincue par l’intelligence de ses réponses. Il parle le langage des oiseaux et autres animaux et accède à la sagesse universelle (il connaît les autres cultes et les respecte grâce à ses nombreuses épouses d’horizons divers, ce qui lui est reproché dans la Bible).
Vers la fin de sa vie, son pouvoir le dépasse, des dissensions s’élèvent surtout en raison d’impôts trop lourds consacrés à de monumentales constructions. Il perd progressivement son importance et sa sagesse, il finit errant de ville en ville pour expier ses péchés. Son fils en lui succédant ne saura pas maintenir l’unité du Royaume qui éclate.
La Reine de Saba
C’est la Reine plus ou moins légendaire du Royaume de Saba situé entre Yémen et Ethiopie.
Adoratrice des astres (soleil, lune, Sirius), elle se convertit ainsi que son peuple au « dieu d’Israël » après sa rencontre avec Salomon, impressionnée par sa sagesse légendaire et sa puissance.
Selon un livre saint éthiopien, le Kebra Negast ("livre de la Gloire des rois" élaboré du XIIe siècle au XIV° siècle mais de tradition plus ancienne), la Reine aurait eu un fils de Salomon, Menélik, qui adulte rendra visite à son père et, bénéficiant de complicités internes ou peut-être même royale, dérobera l’Arche d’Alliance pour la ramener à Aksoum. Depuis, les Rois-Empereurs d’Ethiopie se font couronner dans cette ville et certains revendiquent leur filiation avec ces ancêtres.
Une réplique de l’Arche, appelée Tabot, c’est-à-dire coffre, est conservée dans chaque Eglise orthodoxe d’Ethiopie et fait l’objet de processions rituelles.
Dans l’Europe chrétienne, la Reine de Saba ou d’Ethiopie était une figure de sagesse antique (symbole des savoirs et de la sagesse qui se sont transmis à travers les siècles au christianisme). Elle était sculptée au portail des églises et parfois affublée d’une particularité au pied (pied d’oie, …).
On la retrouve comme compagne d’Hiram, le maître d’ouvrage du Temple de Salomon au moment de son assassinat dans une légende maçonnique (qui a inspiré Gérard de Nerval puis Charles Gounod pour un opéra).
Constantin
C’est un grand personnage du IVe siècle et le premier empereur romain à se convertir au christianisme après avoir établi la liberté de culte qui met fin aux persécutions (Edit de Milan dit de Constantin en 313). Il est considéré comme saint par l'Église orthodoxe, (de même que sa mère Hélène) et fêté le 21 ou 22 mai.
Dans l’Empire romain, morts et assassinats le portent au pouvoir parmi 7 prétendants. Il fera de Byzance une concurrente de Rome et sa capitale en la renommant Constantinople. La ville a des défenses naturelles que n’a pas Rome menacée d’invasions répétées, elle se trouve à un carrefour stratégique militaire (Perses, Goths) et proche de la Grèce, brillante civilisation de l’époque.
Le rêve de Constantin : à la veille d’une bataille victorieuse, il aurait vu un signe dans le ciel et entendu «In hoc signo vinces»: Par ce signe, tu vaincras. Il a fait représenter ce signe nommé «labarum de Constantin» sur les boucliers et étendards de ses soldats. C’est le Chrisme devenu un emblème chrétien important surtout en Orient.
Sous son règne, le christianisme s’élabore peu à peu (au début les chrétiens sont très minoritaires dans l’empire), il sera à l’initiative du concile de Nicée qui fixe les bases du christianisme et met fin aux divisions des différents courants de pensée concernant le rapport entre le Christ Fils et Dieu le Père.
Sainte Hélène, fêtée le 18 août.
Hélène, mère de Constantin est une fille du peuple, concubine de l'empereur romain Constance Chlore père de Constantin.
Avec son fils, elle contribue au développement du christianisme en faisant construire de nombreuses églises ou en les dotant généreusement, en protégeant les pauvres et déshérités.
Après le meurtre de son petit-fils, elle part en pèlerinage en Palestine et recherche les Lieux-Saints : le Golgotha où elle fait exhumer la Croix du Christ, Le Mont des Oliviers, Béthléem… Constantin y fait construire une basilique dédiée à la Résurrection du Christ inaugurée à l’occasion du 30° anniversaire de son règne (335).
Elle meurt à l’âge de 80 ans, son corps est transféré à Rome après des obsèques à Constantinople.
QUESTION MYSTÈRE: dévotion de la Croix
Quel est le modèle de reliquaire de la Vraie Croix et son nom d’origine?
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Répartition des reliques de la Vraie Croix
Un bon nombre de reliques et trésors byzantins ont été pillés à Constantinople à l’issue de la 4° croisade. A partir du XIII° siècle, en Occident de nombreux sanctuaires revendiqueront la possession de reliques du Christ ou de fragments de la Vraie Croix. Ils sont aujourd’hui très dispersés, le trafic des reliques les a fait prospérer tant et si bien que l’on a pu dire qu’avec tout le bois de la Croix, on aurait pu chauffer Rome pendant un an !
Chemins de croix
Les pèlerinages à Jérusalem et les dévotions autour du Calvaire ont répandu la dévotion de la Croix. Mais le voyage est long et difficile ou coûteux. A partir du XV° siècle les pèlerinages en esprit (dits « spirituels ») se développent. La méditation sur les étapes de la crucifixion du Christ est aidée par la représentation du Chemin de Croix dont on compte habituellement 14 stations, ainsi au Colisée de Rome le Pape dirige lui-même la procession du Chemin de croix suivi par une immense foule le Vendredi Saint. (Parfois une 15° station correspond à la Résurrection).
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ENIGME CASSE-TÊTE : la bonne relique
Une abbaye des bords de Loire charge un de ses moines de récupérer des reliques du Christ afin d’attirer plus de pélerins et développer ainsi son implantation sur le territoire.
L'adoration de la Croix
Le moine au bout d’un long périple parvient à contacter un intermédiaire qui est prêt à vendre les précieux fragments de Vraie Croix en sa possession.
Après des péripéties que je vous laisse imaginer, notre moine découvre que l’intermédiaire a réparti dans 6 boîtes des cubes de bois, chacun étant coupé de façon identique en 6 fragments de même volume.
Le cube coupé en 6
Le filou avoue qu’une seule de ces boîtes contient le bois de la Vraie Croix, mais son explication musclée avec le moine a abouti au mélange des boîtes maintenant impossibles à identifier. En signe de son repentir, il propose au moine de lui donner le morceau de Vraie Croix si à l'aide d'une seule pesée il parvient à l'identifier.
Sachant qu’un fragment du bois recherché (le plus ancien) pèse 2 oboles de plus (environ 1g) qu’un fragment d’apparence identique qui pèse une once (environ 30g), comment notre moine va-t-il trouver la boîte qu’il cherche à l’aide d’une «statera» ou balance romaine (balance à crochet avec un contrepoids mobile sur un bras ou fléau) ?
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Références