Il suffit d'un pont
J'ai la tête à l'envers, jeux de je
Qui joue avec son double
Dans l'entre-deux saisons.
Est-ce le miroir des dieux
Qui frémit sous la réalité?
Le pont franchit l'espace,
S'élever ou plonger sans trace,
Choisir la lumière du ciel
Ou l'appel de la mer à l'horizon
… Et finir dans un tourbillon.
Solitude sereine du passant,
Je foule l'ouvrage des hommes
Qui brave l'inertie des flots.
Ombres et lumière se lient
Dans la palette de l'automne.
Au loin la rivière suit son cours
Dans la haie d'honneur feuillée
Qui garde la mémoire de ses rives.
L'eau prend possession des terres
Rêve-t-elle de noyer le soleil?
Les troncs ancrés dessinent
Les barreaux de la liberté
Là où s'affranchit la lumière.
Exaltée par la dentelle ajourée,
La vie s'affirme en contrastes.
Marie Duval