Folklore: la lore du peuple VIII
LA VOIE DU MYTHE ET DU SYMBOLIQUE
A un autre niveau, sur la voie de l’initiation, nous pouvons apprendre à unifier nos différents cerveaux et modes de perception y compris symbolique, à retrouver la valeur de l’intuition, à cultiver le sentiment d’union avec les autres dans un partage sur les niveaux subtils de l’être.
Nous pouvons surtout renouer avec le sacré, source de l’être et de la vie en nous, indépendamment de toute religion ou système de pensée. Ainsi nos savoirs ne seront plus des accumulations vides de sens servant le plus souvent à exploiter ou à exclure les autres, mais des étapes de connaissance qui en nous transformant au fur et mesure nous permettront de devenir chaque jour davantage ce que nous sommes potentiellement, des êtres en cours de Réalisation.
ACTEUR ET PASSEUR DE VIE
Loin d’être un passe-temps inutile ou démodé, la quête de nos traditions, de nos mythes fondateurs de civilisation et surtout le travail intérieur de notre représentation du monde est un acte fondamental de notre ORIENTATION globale, par rapport à nous-mêmes, aux autres, au monde qui nous entoure, à notre place sur le fil du temps aussi bien passé que présent.
C’est retrouver et cultiver l’art de « conspirer » au sens de respirer ensemble pour évoluer avec tout ce qui est vivant sur notre planète dans le respect ou l’ouverture. C’est aussi mettre en pratique cette maxime fondatrice de la vraie dimension de notre humanité et inscrite sur le fronton du temple antique de Delphes comme un repère défiant le temps et les civilisations : «Connais-toi toi-même et tu connaîtras le monde et les dieux».
N’oublions pas que cette capacité à créer du mythe, des histoires et des liens entre les situations, les êtres ou les choses est intimement liée au mode de fonctionnement du cerveau humain. Cette faculté créatrice et imaginative a probablement permis à l’espèce humaine de s’adapter et de survivre malgré les aléas parfois terribles (climatiques en particulier avec leurs cohortes de famine et d'épidémies) et les contraintes de civilisation (guerres meurtrières entre peuples au cours du temps, luttes de pouvoir, faible durée de vie). Elle donne sens à la vie de l’individu et du groupe en lui redonnant une dimension de participation active. Elle favorise l’espoir envers et contre tout, pour l’humain même confronté au pire et surtout lui permet de garder sa cohérence intérieure (de rester «entier») à la mesure de son travail d’intégration consciente de la représentation interne du monde où il vit.
Cette faculté a tisser des liens entre les événements et les êtres, à se raconter des histoires, si importante pour la survie de l'espèce est aussi liée à cette tendance profondément inscrite dans notre programme de survie: nous recherchons les faits divers, les petites histoires dramatiques ou croustillantes, hors normes en tout cas chez nos voisins, nos relations et actuellement par le biais d'une presse émotionnelle dite "people" au succès sans précédent, chez les personnes publiques.
Elle favorise notre tendance à rentrer dans les normes ou à s'adapter à l'évolution des normes d'une société. Mais elle nous pousse aussi à valoriser le pire, à ne privilégier que les mauvaises nouvelles et autant elle peut être utile dans un environnement hostile pour se prémunir de dangers réels, autant elle peut se retourner contre nous dans nos sociétés occidentales en faisant de nous des êtres avides d'événements vides de sens qui ne nous concernent pas et sur lesquels nous sommes impuissants. Cela entretient une dépression latente qui fait de nous la proie de marchands d'illusion et de prêt-à-penser moralisants et obsédés de sécurité pour les pauvres "victimes" que nous devenons si nous nous laissons aller à ces tendances.
Pourtant nous pouvons utiliser ces mêmes facultés pour favoriser notre évolution, en particulier en accédant à la dimension spirituelle, par l'accès aux Grandes Histoires de l'humanité: en réapprenant à "mythologiser" nos histoires pour leur donner une dimension verticale transcendante en plus de l'horizontale événementielle qui nous est de toute façon imposée.