Sur les pas du gardien de l’objet, nous suivons les étapes d’implantation d’un lieu sacré. Nous avons vu les éléments qui permettent d’en assurer l’harmonie avec le cosmos, dénommé au Moyen-âge le Macrocosme (littéralement «grand ordre universel»). Nous allons découvrir maintenant les principes d’adaptation et donc de construction d’un édifice à l’échelle de l’humain en tant que Microcosme (Modèle humain vu comme une synthèse possédant en lui les principes parfaits de la Création) relié au Macrocosme.
2/ La géométrie des constructeurs.
L’Homme, modèle de référence.
Selon R. A. Schwaller de Lubicz, dans son livre « Le temple dans l'homme » basé sur ses recherches au temple de Louxor, le temple-sanctuaire pharaonique égyptien apparaît comme l'image de l'homme Microcosme, c'est-à-dire comme la projection morphologique humaine des principes cosmiques du Macrocosme.
Les préceptes religieux l’affirment, un temple puis plus tard une église, sont basés sur des mesures d’homme, (Bible*, voir aussi Apocalypse 21), sans oublier que le temple à construire est avant tout l’Homme : le pharaon en Egypte en tant que serviteur de l’ordre cosmique pour son peuple, puis dans les religions monothéistes, chaque homme en tant que croyant (pour la Bible: Saint Paul, 1 Cor, 3, 16, voir aussi les principes d’Architecture islamique)
Le lieu sacré est alors conçu pour favoriser ce plan de réalisation de l’Homme relié au divin.
*Tu as tout disposé avec mesure, nombre et poids (Sg 11,20).
Pour en savoir plus sur cette conception d’une église chrétienne
en tant qu’outil de réalisation humaine, cliquez sur l’image.
Mesures des constructeurs.
A plusieurs reprises, nous trouvons dans la Bible la mention des unités utilisées par les Maîtres constructeurs (Ezéchiel 40, 5) comme la coudée et la palme. Il est fait mention aussi de la canne à mesurer.
L’utilisation d’unités de mesure « normalisées » (le mètre et ses multiples) est récente. Le maître d’œuvre d’autrefois utilisait les instruments de mesure à sa disposition en référence au corps humain.
Nous savons par les données encore utilisées au Moyen-âge ce que sont ces « mesures d’homme » : la paume, la palme, l’empan, le pied, la coudée. Ces cinq unités de mesure formaient la Quine des bâtisseurs. Le Maître constructeur utilisait une canne où il reportait cette quine, elle servait de référence pour toute la construction.
Pour en savoir plus sur ces mesures et leur utilisation, cliquez sur l’image.
Document Pdf.
Outils des constructeurs
Le Maître d’œuvre reçoit la commande des dignitaires religieux, il a pour mission de manifester leurs croyances religieuses et donc des références symboliques dans une architecture bien précise obéissant à des règles d’utilisation des matériaux employés aussi dans un but de longévité et de sécurité. Cela s’exprime dans un certain nombre de connaissances ancestrales, transmises de génération en génération au long d’un apprentissage sur le terrain, sous forme initiatique. Ce mode de transmission de savoir, mais surtout de connaissance (voir folklore) a fait ses preuves en l’absence de support écrit et donc de plans pendant des siècles.
Une bonne part de ce savoir concerne la géométrie et l’outil principal est la corde : une ficelle tendue qui tourne autour d’un bâton délimite un cercle ; tendue en ligne ou entre 2 bâtons elle permet de tracer des droites ; avec des nœuds régulièrement disposés, elle détermine des figures complexes.
La corde à 13 nœuds
Elle comporte 12 intervalles égaux, elle peut donc n’avoir que 12 nœuds si une extrémité de la corde n’en a pas. Chaque intervalle mesure une coudée. Tout comme en Egypte antique, pour tracer les limites des terrains au bord du Nil puis celles des constructions, elle sert à tracer des angles droits, des triangles et autres figures complexes sans calcul mathématique.
Pour découvrir ses principales utilisations, cliquez sur l’image.
QUESTION MYSTÈRE: les outils du constructeur.
Quels sont les outils symboliques, mais aussi pratiques de l’architecte selon la tradition?
Pour la réponse "Boule de gomme", cliquez sur l'image.
Importance de la géométrie
Pour l’homme de l’Antiquité comme pour les constructeurs du Moyen Age, l’œuvre de Dieu est réglée par les nombres et mesures. Par leur abstraction même, ces données répondent à l’interdiction religieuse de l’image de ce qui est là-haut dans le ciel ou ici-bas sur la terre.
Or les nombres étaient représentés sous forme géométrique (comme avec des cailloux, «calculus» en latin d’où le terme « calculer ») et ils avaient aussi une valeur symbolique : ainsi le carré représente la terre, le pentagone relève du modèle divin (Microcosme).
Pour en savoir plus sur la géométrie des nombres, cliquez sur l’image.
Le Nombre d’or
L’homme de l’antiquité conçoit les nombres sous forme d’entiers ou de fractions de nombres entiers. Les nombres irrationnels ne pouvaient être pensés ou appartenaient au domaine du sacré. Ils faisaient l’objet de secrets parfois sous peine de mort chez les pythagoriciens. Ils étaient représentés de façon approchée par des fractions ou par des représentations géométriques. L’un de ces nombres irrationnels est le Nombre d’or.
Si l’on observe les rapports entre les cinq éléments utilisés pour les mesures, on note qu’ils forment une suite géométrique (c’est-à-dire en proportion) de raison (Phi), lettre grecque désignant le Nombre d’or.
La découpe d’un segment de droite en a et b, « extrême et moyenne raison » selon les termes d’Euclide, permet de définir Phi =a/b
En valeur, Phi= (1+ √5)/2 soit approximativement 1,618.
Ce nombre a de remarquables propriétés mathématiques et se retrouve dans la construction de figures géométriques dont le pentagone.
Notons qu’en ce qui concerne les figures géométriques, le pentagone fait passer de l’équerre au compas.
Le Nombre d’or se trouve parfois dans les proportion d’œuvres humaines harmonieuses ou d’éléments naturels réguliers (coquillages, fleurs, graines et plantes…).
Pour en savoir plus sur le Nombre d’or,
son histoire, son utilisation, cliquez sur l’image :
Pentagone
Pour les bâtisseurs, le pentagone est une figure importante et la quine s’y inscrit.
Pour les Pythagoriciens, l’étoile à 5 branches contenue dans le pentagone était leur signe de reconnaissance. Cette figure géométrique est naturellement liée au Nombre d’or, en effet dans le pentagone, Diagonale /Côté= Phi, or si le côté = 1, la diagonale = Phi.
Par ailleurs on peut reproduire à l’infini l’étoile et le pentagone à partir d’un pentagone initial, c’est donc une figure finie recélant de l’infini.
Comme nous l’avons déjà signalé, le pentagone est le symbole du Microcosme.
Pour en savoir plus sur la construction du pentagone,
cliquez sur l’image.
ENIGME CASSE-TÊTE : Le bon plan
Voici le premier plan d’une future église :
Malheureusement le Maître d’œuvre ne dispose pas du budget nécessaire, il doit revoir son projet à la baisse. Mais attaché aux symboles numériques du plan initial, l’abbé commanditaire insiste pour conserver un nombre de piliers identiques, soit 6 entre A et D, entre B et D, et enfin entre C et D.
Comment peut-il atteindre cet objectif ?
Pour la réponse Eclaire-tête, cliquez sur l'image.
Références